Par Mathieu Jaborska
11 juin 2022
MAJ : 21 mai 2024
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Assez imparfaite, la série Love, Death & Robots nous aura cependant offert quelques grand moments. On recense les meilleurs d’entre eux.
La saison 3 deaura rassuré les innombrables déçus par la saison 2. Mais si ces deux dernières salves de courts-métrages soulignent l’irrégularité de la série, celle-ci nous aura quand même proposé quelques beaux moments.
C’est le propre de sa nature anthologique : il y a à boire et à manger, mais on n’est pas à l’abri de tomber sur une pépite. Et des pépites, il y en a quelques-unes dans cette production deTim MilleretDavid Fincher. Oublions donc les démonstrations techniques sans âme pour nous intéresser aux meilleurs épisodes de , parfois poétiques, parfois spectaculaire, parfois flippants et même parfois assez émouvants, dans une petite liste non exhaustive.
Carton bleu pour les quelques petit* spoilers
Bonne chasse (S1E8)
Ça raconte quoi ?Dans laChinedu début du XXesiècle, un garçon tombe amoureux d’unehuli jingmétamorphée après que son père a tué la mère de celle-ci.
Pourquoi c’est bien ? Exit la 3D (ou presque). Bienvenue dans un univers très relativement inspiré de l’animation traditionnelle. Un revirement esthétique logique : la tradition et la modernité sont justement les sujets du très beau Bonne Chasse, qui, après une comédie un peu vaine (La revanche du Yaourt), et un récit classique sauvé in extremis par une rupture de ton particulièrement horrifique (Derrière la faille), prend tout le monde de court.
Le court-métrage adapté de Ken Liu, pourtant sur le papier plombé par ses aspirations mythologiques, sort du lot en racontant l’histoire d’une transition, une transition entre une magie légendaire, héréditaire et une magie plus moderne, mécanique. Ou l’exploration du flou artistique entre la fantasy et le steampunk. Un flou dans lequel se complaisent les pires représentants de l’espèce humaine, obnubilés par la machine, seule entité qu’ils peuvent entièrement soumettre à leur volonté… et même à leurs désirs sexuels.
Parfois cru quand nécessaire, Bonne Chasse pouvait facilement tomber dans la technophobie, travers évident lorsqu’on oppose ainsi les rouages froids et la magie traditionnelle. Mais en profitant de son propre graphisme pour figer un changement d’esthétique plutôt que de bêtement fustiger le soi-disant progrès, il rassure sur le pouvoir de la fiction. Car pour les auteurs de cet épisode, la magie, c’est l’humanité. Une idée simple, mais sublimement mise en scène.
Battle Angel
L’oeuvre de Zima (S1E14)
Ça raconte quoi ?Unartistesolitaire donne une dernière interview au bout d’un siècle.
Pourquoi c’est bien ? La présence de cet épisode dans cette sélection ne crée que moyennement la surprise. En général, tout le monde s’accorde sur ce point : L’oeuvre de Zima est LA pépite de Love, Death & Robots. Diffusé sur une plateforme aussi populaire, au sein d’une anthologie largement promue, il constitue la meilleure publicité possible pour l’industrie du court-métrage en convainquant les néophytes qu’il est bien possible de se livrer à une réflexion métaphysique et émotionnelle sur l’art et la vérité en à peine plus de 10 minutes.
Oeuvre totale, dont le style se fond à merveille avec le propos, il nous entraine dans une quête artistique qui ne peut s’épanouir que dans la fiction. Si les meilleurs épisodes de la série portent en eux une visée métaphorique ou un message plus ou moins subtil, il est un des seuls à ouvrir le champ des interprétations. Ode à la simplicité ? Rappel que la vérité ne dépend que de notre champ de vision ? Projection philosophique du futur de la robotique ? Prolongation de l’oeuvre de Yves Klein ? Publicité pour un laveur de piscines ?
Probablement (presque) tout ça à la fois, et c’est justement ça qui fait de L’oeuvre de Zima un objet fascinant. La pointe d’émotion finale, très impressionnante, en devient presque irréelle : le sentiment provoqué est-il réellement humain ? Paradoxalement, on reproche souvent à la série une certaine déshumanisation, causée par sa technicité parfois absconse. Et pourtant, le court-métrage le plus chargé émotionnellement est justement celui qui exige de nous de sortir de notre propre humanité. S’il ne fallait en garder qu’un, ce serait donc celui-là.
Zima’s blues
L’âge de glace (s1e16)
Ça raconte quoi ?Un couple découvre une civilisation vivant dans leurcongélateur.
Pourquoi c’est bien ? Il n’est pas tant apprécié, ce Ice Age. C’est probablement à cause de son look, clairement le plus spectaculaire de la série, si avancé dans le photo-réalisme qu’on se prend, les premières minutes, à croire aux prises de vue réelles. Le travail du studio d’effets spéciaux Atomic Fiction est si désarmant qu’il semble renfermer un piège, une vacuité technologique cynique.
Et pourtant, l’histoire qu’il met en scène agit presque comme une métaphore du pouvoir de l’animation. Ce couple regarde une civilisation entière progresser, s’éteindre et se surpasser, au point d’entrer en contact, comme on contemple, d’un air hagard, assis sur notre canapé, les miracles que peuvent désormais accomplir les animateurs. Les derniers instants de ce petit monde, projetant des mini-fusées partout dans la pièce, ne sont d’ailleurs pas sans rappeler l’émergence de la 3D, qui permet justement à la fiction de s’inviter encore un peu plus dans le salon des spectateurs.
Certes, le concept aurait pu être propulsé dans la stratosphère des théories philosophiques, mais ce n’est pas le but du scénaristePhilip Gelatt, responsable d’une grosse partie des épisodes. Avec cette petite pastille techniquement ébouriffante, il nous rappelle juste que, grâce au travail acharné d’artistes aguerris, il est possible de constater – la main droite dans le slip, la main gauche sur le tire-bouchon -, les évolutions d’univers entiers. Et ça, c’est quand même sympa.
Et en plus, il y aMary Elizabeth Winstead
Le géant noyé (S2E8)
Ça raconte quoi ?Un jour sur la côte anglaise, un géant s’échoue sur la plage, attirant l’attention des habitants.
Pourquoi c’est bien ? Il fallait bien incorporer à cette sélection un épisode de la saison 2. Néanmoins, le choix reste famélique en dehors de cet ultime court-métrage, réalisé et scénarisé par le producteur de la série,Tim Miller. Il est de loin le plus original, et s’impose finalement comme l’un des plus poétiques morceaux d’animation de la série.
Évidemment, ses qualités proviennent principalement de la nouvelle dont il est adapté, écrite parJ.G. Ballard, un des auteurs les plus fascinants du XXe siècle. Reste que porter à l’écran un monstre pareil n’est pas chose aisée (rappelez-vous High-Rise), les deux cinéastes qui ont réussi à relever le défi étant eux-mêmes deux sommités (Steven SpielbergavecEmpire du soleiletDavid CronenbergavecCrash). Miller s’en sort très bien, notamment car il sait transposer en animation une situation impossible à représenter en prises de vue réelles.
La direction artistique, la voix off obligatoire et la photographie grisâtre font le reste. Voir le géant mort se décomposer devant nos yeux renforce vraiment la poésie macabre de cette histoire et vient titiller la part morbide de notre humanité. Voilà exactement le genre de proposition qu’on aurait aimé voir plus dans cette saison 2 qui démontre, dans son ultime coup de poker, qu’elle était elle aussi capable de raconter quelque chose de fort, pour peu qu’elle s’en donne les moyens.
Parle à ma main
Mauvais voyage (S3e2)
Ça raconte quoi ? L’équipage d’un navire voguant sur de bien sinistres eaux se fait déchiqueter par un monstre crustacé affamé. Pour s’en sortir, il va falloir négocier…
Pourquoi c’est bien ? La série emprunte très, très régulièrement àH.P. Lovecraft. Les récits cosmiques de l’auteur américain constituent en effet un terrain d’expérimentation idéal pour ces ambitieux studios d’animation. Toutefois, force est de constater que la plupart de ces hommages se contentent de décliner la même formule. Écueil qu’évite agilementDavid Fincher, prestigieux réalisateur de ce Mauvais Voyage, pure démonstration de terreur lovecraftienne.
Celui qui avait bien failli mettre en scène une adaptation de 20 000 lieues sous les mers lâche sur de pauvres marins une créature particulièrement glaçante et en profite surtout pour les confronter aux limites de leur propre humanité, dans la stricte tradition de l’écrivain. Le personnage principal affronte à la fois la monstruosité animale et la monstruosité humaine. Une fable d’autant plus cruelle que la mise en scène du cinéaste et le production design poussent les potards du cauchemar désespéré au maximum.
Un jeu sur le hors-champ impressionnant
Fincher ne pouvait que s’épanouir avec les techniciens de Blur, parfaitement alignés avec la rigueur – pour ne pas dire le perfectionnisme maladif – qui caractérise son oeuvre. Non seulement il y a vu une occasion d’orchestrer un jeu de massacre, mais il s’est permis de s’amuser un peu avec l’animation, le temps notamment d’une mutinerie musclée. On en sort avec une seule envie : le voir se réessayer à l’animation et persister dans l’horreur.
Rédacteurs :
Mathieu Jaborska
Tout savoir sur Love, Death & Robots
- Netflix pourrait lancer la pub sur sa plateforme dès la fin de l'année
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Chris11
il y a 3 années
Je valide les 4 premiers, pas le géant noyé qui m’a juste donné la nausée, ce qui à priori était l’objectif.
D’autres auraient pu être cités, mais on sera pas tous d’accord. Et si je devais en retenir un, ce serait Zima, de très loin.
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caribou
il y a 3 années
les meilleurs ??? …mais pour qui messieurs les détenteurs du bon goût ?
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john1
il y a 3 années
Les trois premiers mentionné oui, les 2 suivants non.
Il y avait assez d’épisode différent dans la S1 pour y trouver on bonheur, dans la S2 par contre… bof bof.
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Emynoduesp
il y a 3 années
L avantage de Sonny…c est une tuerie. Un pokemon like adulte.
Y en a pas.mal d excellents. Sur la saison 2, il n ya que le gent qui mna decu. Et puis le.deroulement n est pas.realiste. Aucun gouvernement ne laisserait la bestiole deperir sur la plage. Ca se finit en labo geant ou ils tronconnent le tout pour l emmener au labo :’)
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BadTaste
il y a 3 années
Mon petit Top 5 qui n’intéressera personne :
L’Œuvre de Zima – 10/10
Histoires alternatives – 9/10
Le Témoin – 8/10
L’Âge de glace – 8/10
Le géant noyé – 8/10
Le géant noyé est le seul épisode de la saison 2 qui sorte du lot, thématiquement.
Parce qu’au niveau visuel, Ice, Groupe d’intervention et Snow et le désert sont sublimes, dommage que ces trois épisodes ne racontent pas grand chose de marquant.
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