Samir Baha, Lauren Berthelot (Insee)
Au 1er janvier 2024, l’Île-de-France compte près de 12,4millions d’habitants. En 2023, la baisse des naissances se poursuit ainsi que celle des décès, dont le niveau est proche de celui de 2019, année antérieure à la pandémie de Covid-19. L’excédent naturel de l’Île-de-France continue de diminuer, mais reste le plus important des régions de France métropolitaine et le moteur de la croissance démographique francilienne.
Le Val-d’Oise est le seul département métropolitain dont l’indicateur conjoncturel de fécondité est au-dessus du niveau du renouvellement des générations.
En 2023, 46600 mariages ont été célébrés, soit un nombre équivalent à celui de 2019. L’espérance de vie des Franciliens augmente et dépasse désormais le niveau de 2019.
Insee Flash Ile-de-France
No92
Paru le :Paru le04/04/2024
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Sommaire
- 12,4 millions d’habitants au 1er janvier 2024
- Une croissance francilienne due à l’excédent naturel
- Un indicateur conjoncturel de fécondité en baisse, comme sur le reste du territoire
- Un léger recul des décès et une hausse de l’espérance de vie
- Le nombre des mariages retrouve le niveau de 2019
12,4 millions d’habitants au 1er janvier 2024
Au 1er janvier 2024, la population de l’Île-de-France est estimée à 12419900 habitants (figure 1). Au cours de l’année 2023, la population augmente de 31600 habitants, soit une progression de 0,3% équivalente à celle constatée en moyenne sur les cinq dernières années, et légèrement inférieure à celle de la période précédente (+0,4% par an entre 2014 et 2019).
Au cours de l’année 2023, la population progresse dans tous les départements de la région, à l’exception de Paris (-16600 habitants) qui perd régulièrement des habitants depuis 2012. La hausse de la population est la plus forte en Seine-Saint-Denis (+10600 habitants).
tableauFigure 1 – Données démographiques concernant l’Île-de-France (par département) et la France
Territoire | Population | Naissances | Décès | Indicateur conjoncturel de fécondité des femmes de 15 à 49 ans en 2023 (p) | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Estimation au 1er janvier 2024 (p) | Estimation au 1er janvier 2023 (p) | Évolution annuelle moyenne 2019-2024 (en%) | En 2023 (p) | Évolution 2023/2022 (en %) | En 2023 (p) | Évolution 2023/2022 (en %) | ||
Paris | 2087600 | 2104300 | -0,8 | 21700 | -8,5 | 13800 | -6,6 | 1,25 |
Hauts-de-Seine | 1651400 | 1646400 | 0,3 | 19600 | -4,3 | 10100 | -6,4 | 1,59 |
Seine-Saint-Denis | 1701000 | 1690400 | 0,6 | 25000 | -4,8 | 9100 | -7,6 | 2,04 |
Val-de-Marne | 1433900 | 1428100 | 0,4 | 17700 | -5,2 | 8500 | -6,9 | 1,72 |
Seine-et-Marne | 1464800 | 1455800 | 0,6 | 17400 | -4,8 | 9800 | -5,9 | 1,85 |
Yvelines | 1473700 | 1467800 | 0,4 | 17400 | -4,1 | 9500 | -7,2 | 1,93 |
Essonne | 1331800 | 1325900 | 0,4 | 17300 | -5,6 | 8600 | -6,6 | 2,02 |
Val-d’Oise | 1275700 | 1269700 | 0,5 | 17900 | -6,0 | 7800 | -5,0 | 2,11 |
Île-de-France | 12419900 | 12388400 | 0,3 | 154000 | -5,5 | 77000 | -6,6 | 1,73 |
France métropolitaine | 66142900 | 65926000 | 0,3 | 638900 | -5,9 | 613900 | -4,8 | 1,64 |
France | 68373400 | 68143400 | 0,3 | 678000 | -6,6 | 631000 | -6,5 | 1,68 |
Une croissance francilienne due à l’excédent naturel
La population francilienne augmente uniquement sous l’effet de l’excédent naturel (+77000), le solde migratoire restant déficitaire. Toutefois, avec seulement deux naissances pour un décès en 2023, contre deux et demie dix ans plus tôt, l’excédent naturel s’amenuise et atteint, en 2023, son niveau le plus bas depuis quarante ans.
En 2023, 154000 bébés sont nés en Île-de-France, soit 8900 de moins qu’en 2022 (-5,5%) (figure2). Cette baisse, moins prononcée qu’au niveau national, est néanmoins plus marquée que les années précédentes (-0,8% en 2021 et -2,5% en 2022). Par rapport à 2019, année de référence antérieure à la crise sanitaire, le nombre de naissances est en repli de 11,4% en Île-de-France et de 10,0% en France.
L’évolution du nombre de naissances dépend à la fois du nombre de femmes en âge de procréer et de leur fécondité. Dans la région francilienne, la population féminine de 20 à 39ans, âges où les femmes sont les plus fécondes, est stable depuis 2014. Le recul du nombre des naissances ces dernières années s’explique donc par la baisse de la fécondité, c’est-à-dire du nombre d’enfants par femme.
- Graphique
- Tableau
tableauFigure 2 – Évolution du nombre de naissances, de décès et du solde naturel depuis 1991 en Île-de-France
Années | Naissances | Décès |
---|---|---|
1991 | 169443 | 78870 |
1992 | 166119 | 77958 |
1993 | 161772 | 78595 |
1994 | 160554 | 76557 |
1995 | 163008 | 77573 |
1996 | 163662 | 77466 |
1997 | 162011 | 74783 |
1998 | 164920 | 74787 |
1999 | 167295 | 74745 |
2000 | 174175 | 73568 |
2001 | 172996 | 73695 |
2002 | 173524 | 73239 |
2003 | 173511 | 77918 |
2004 | 175282 | 68457 |
2005 | 176521 | 70501 |
2006 | 182758 | 69072 |
2007 | 179264 | 69082 |
2008 | 180668 | 70340 |
2009 | 181557 | 70502 |
2010 | 184525 | 71258 |
2011 | 182284 | 70873 |
2012 | 181229 | 72529 |
2013 | 180271 | 72113 |
2014 | 182719 | 70506 |
2015 | 179762 | 74539 |
2016 | 177983 | 74621 |
2017 | 175799 | 75562 |
2018 | 174439 | 75571 |
2019 | 173893 | 75788 |
2020 | 168467 | 90567 |
2021 | 167066 | 82484 |
2022 | 162952 | 82407 |
2023 (p) | 154027 | 77002 |
graphiqueFigure 2 – Évolution du nombre de naissances, de décès et du solde naturel depuis 1991 en Île-de-France
Un indicateur conjoncturel de fécondité en baisse, comme sur le reste du territoire
En 2023, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’établit en Île-de-France à 1,73enfant par femme, après 1,81 en 2022. La différence avec le seuil de renouvellement des générations (2,1) se creuse donc. L’ICF de l’Île-de-France reste néanmoins supérieur à celui de la France dans son ensemble (1,68), et l’écart s’est creusé en 2023, après trois années de resserrement. L’Île-de-France fait ainsi partie des trois régions, avec la Bourgogne-Franche-Comté et les Hauts-de-France, où l’ICF recule le moins. La baisse de l’ICF est plus marquée pour les femmes de 35 à 49ans et celles de 25 à 34ans (respectivement -0,03 et -0,05) que pour les plus jeunes de 15 à 24ans (-0,01).
Au sein de l’Île-de-France, la baisse de l’ICF s’observe dans tous les départements, mais de façon encore plus marquée dans le Val-d’Oise. Ainsi, en 2023, l’ICF y chute à 2,11 après 2,24 en 2022. Le recul de l’ICF est également supérieur à la moyenne régionale à Paris, en Seine-Saint-Denis et dans l’Essonne.
Conséquence des fortes baisses de l’ICF observées partout en France, le Val-d’Oise, département parmi les plus jeunes de France, est désormais le seul département métropolitain où l’ICF se situe au-dessus de celui permettant d’assurer le renouvellement des générations, alors qu’on en dénombrait trois en 2022, tous franciliens (le Val-d’Oise, la Seine-Saint-Denis et l’Essonne). Paris est le département où l’ICF est le plus bas de France métropolitaine, avec la Haute-Corse (1,25). L’ICF parisien des 35-49 ans dépasse celui des 25-34 ans (0,63 contre 0,57) depuis 2020.
En France, la sortie des études et l’entrée dans le monde du travail sont de plus en plus tardives, ce qui pourrait expliquer que les enfants soient conçus plus tardivement. Le niveau de diplôme des Parisiens étant plus élevé que celui des autres départements franciliens, il est possible que les Parisiennes poursuivent en moyenne des études plus longues et reportent ainsi l’âge auquel elles ont leur premier enfant.
L’âge moyen à la maternité en Île-de-France reste stable depuis 2021, à 32,3ans contre 31,3ans dix ans plus tôt. Il est plus élevé que dans les autres régions de France métropolitaine. Des disparités s’observent selon les départements: il est au plus bas dans l’Essonne (31,7ans) et dans le Val-d’Oise (31,8ans) et au plus haut à Paris (33,7ans).
Un léger recul des décès et une hausse de l’espérance de vie
En 2023, 77000 personnes sont décédées dans la région, soit 5400 de moins qu’en 2022. Cette baisse de 6,6% est supérieure à celle observée en France métropolitaine (-4,8%). Toutefois, le nombre de décès reste plus élevé qu’avant la crise sanitaire.
Au sein de la région, le recul est plus marqué en Seine-Saint-Denis et dans les Yvelines (respectivement -7,6% et -7,2%). Le nombre de décès se situe à un niveau un peu plus faible qu’avant la crise sanitaire dans le Val-de-Marne et à Paris, alors que la mortalité reste à un niveau relativement plus élevé dans l’Essonne et en Seine-et-Marne.
En 2023, en Île-de-France, l’espérance de vie à la naissance est de 86,5ans pour les femmes et de 81,8ans pour les hommes. Par rapport à 2022, les Franciliennes ont gagné 0,7an et les Franciliens 0,8an d’espérance de vie. L’espérance de vie reflète les conditions de mortalité de l’année: elle avait fortement baissé en 2020 du fait de la crise sanitaire, et était restée à un niveau inférieur à celui de 2019 les deux années suivantes. En 2023, elle dépasse son niveau d’avant la pandémie de Covid-19 (86,2ans pour les femmes et 81,3ans pour les hommes).
Le nombre des mariages retrouve le niveau de 2019
En 2023, 46600 mariages ont été célébrés en Île-de-France, soit un niveau proche de celui de 2019 avant la crise sanitaire (46400). Le nombre d’unions diminue néanmoins légèrement (-0,4%) par rapport à 2022. En France, la baisse est plus importante (-0,8%).
Publication rédigée par :Samir Baha, Lauren Berthelot (Insee)
Sources
Les données proviennent des estimations de population et des statistiques d’état civil réalisées fin novembre 2023. La population francilienne au 1er janvier 2023 avait été estimée fin 2022 à 12358900 habitants; cette estimation a été révisée fin 2023 à 12388400 habitants.
Définitions
Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période. Lorsque le solde naturel est positif, on parle d’excédent naturel; lorsqu’il est négatif, on parle de déficit naturel.
Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours d’une période.
L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés à chaque âge l’année considérée demeuraient inchangés.
L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d’une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de l’année considérée.
Les données proviennent des estimations de population et des statistiques d’état civil réalisées fin novembre 2023. La population francilienne au 1er janvier 2023 avait été estimée fin 2022 à 12358900 habitants; cette estimation a été révisée fin 2023 à 12388400 habitants.
Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période. Lorsque le solde naturel est positif, on parle d’excédent naturel; lorsqu’il est négatif, on parle de déficit naturel.
Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours d’une période.
L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés à chaque âge l’année considérée demeuraient inchangés.
L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d’une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de l’année considérée.
Pour en savoir plus
(1) Papon S., «Bilan démographique 2023- En 2023, la fécondité chute, l’espérance de vie se redresse», Insee Première no1978, janvier 2024.
(2) Breton D., BelliotN., BarbieriM., ChaputJ., D’AlbisH., «Ouvrir dans un nouvel ongletL’évolution démographique récente de la France. Les comportements des femmes et des hommes sont-ils si différents?», Ined, collection «Conjoncture démographique», édition 2023.
(3) Jabot D., «Bilan démographique 2022 de l’Île-de-France: deux naissances pour un décès», Insee Flash Île-de-France no77, mars 2023.
(4) Jabot D., «Bilan démographique 2021 de l’Île-de-France: moins de décès et des naissances toujours en baisse», Insee Flash Île-de-France no68, mai 2022.
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